Journée mondiale du refus de la misère : de l’importance des luttes au niveau local (jardins familiaux)

Aujourd’hui, samedi 17 octobre 2020, c’est la Journée mondiale du refus de la misère, à l’initiative d’ATD Quart Monde. Depuis 1987, elle met en lumière les personnes victimes d’extrême pauvreté, les conditions indignes dans lesquelles elles vivent, et leur donne la parole parce qu’un problème ne peut être résolu sans la participation des premiers concernés.

17 octobre, Journée mondiale du refus de la misère

« Le 17 octobre 1987, des défenseurs des droits de l’homme et du citoyen de tous pays se sont rassemblés sur [le] parvis [des droits de l’Homme et des libertés]. Ils ont rendu hommage aux victimes de la faim, de l’ignorance et de la violence. Ils ont affirmé leur conviction que la misère n’est pas [une fatalité]. Ils ont proclamé leur solidarité avec ceux qui luttent à travers le monde pour la détruire.

Là où des hommes sont condamnés à vivre dans la misère, les droits de l’homme sont violés. S’unir pour les faire respecter est un devoir sacré. » 

Joseph Wresinski, fondateur d’ATD Quart Monde

Lutte contre la pauvreté – Histoire des jardins familiaux de Saint-Cyr-l’Ecole

Production de légumes sur les jardins familiaux (2019)

Depuis les années 70, des jardins familiaux sont installés rue du Docteur Vaillant, le long de l’aérodrome.

Sans existence légale, ces jardins ont plus de 40 ans. Ils ont été créés notamment par des Saint-Cyriens qui utilisaient les jardins familiaux mis à disposition à l’époque par la ville en haut de Saint-Cyr, vers le Bois Cassé. Suite à leur expulsion pour cause d’aménagement, la ville avait laissé les jardiniers s’installer le long de l’aérodrome, sur un terrain appartenant à la ville et qui était inoccupé.

Que le Maire soit de gauche (jusqu’en 2001) ou de droite (2001 – 2020), la Mairie a fermé les yeux sur cette occupation illégale, et aucune convention n’avait en conséquence été établie entre la ville et les jardiniers pour rendre officielle l’utilisation de ces parcelles cultivées.

Un espace de verdure qui était pourtant un exemple d’organisation citoyenne

Jardins familiaux de la rue du Docteur Vaillant (2019)

Ce qui est intéressant avec l’occupation de ce terrain, c’est qu’elle s’est faite en intelligence entre personnes qui en avaient besoin, sans qu’aucune structure n’aie jamais besoin d’être créée pour l’encadrer. Il s’agit purement et simplement d’une action citoyenne. Chaque personne qui le souhaitait débroussaillait une petite partie du terrain, en adéquation avec ses besoins, et ce terrain était donc le « sien »

Si vous avez eu la chance de vous y promener avant 2019, vous aurez pu constater que malgré l’absence d’encadrement officiel, ces jardins étaient extrêmement bien tenus, avec une grande variété de plantations, dont certains arbres fruitiers matures, et étaient une vraie respiration au milieu de toutes les constructions et terrains à nu.

Un avis d’expulsion reçu de la part de Mme le Maire sans concertation avec les habitants

Avis d’expulsion des jardiniers (2020)

Malheureusement, au printemps 2019, les jardiniers ont reçu un avis d’expulsion car la ville souhaite vendre ce terrain. Le projet est la création d’une zone d’activités technologiques et artisanales avec notamment une entreprise de contrôle technique pour les véhicules motorisés.

Sur l’avis d’expulsion, il était proposé aux jardiniers d’appeler la Mairie pour trouver des solutions ensemble. Nous avons rencontré quelques jardiniers avec lesquels nous avons pu nous entretenir et ils n’ont jamais réussi à être mis en contact avec les services de la Mairie. 

Comme nous l’évoquions en mars 2020 dans cet article, la bétonnisation continue avec cette majorité LR-UDI.

L’intérêt privé privilégié au détriment de l’intérêt collectif

Ce terrain, qui avait été préempté par la Mairie dans les années 70 dans le but de construire une zone d’aménagement concertée (ZAC), portée par la Mairie et à destination de l’intérêt général, va donc être vendu à des intérêts privés.

Ces jardins sont pourtant un des modes possibles pour répondre à l’extrême pauvreté en respectant la dignité des personnes, en plus d’être d’excellents réservoirs de biodiversité.

  • Une fois de plus, c’est  un terrain municipal vendu ;
  • Une fois de plus, c’est de la verdure qui disparaît au profit du béton, avec les effets que l’on sait sur notre santé et celle de notre écosystème ;
  • Une fois de plus, c’est la nature et les plus pauvres qui servent de variable d’ajustement pour le bien de quelques-uns parmi les mieux lotis.

20 octobre, mise au vote en Conseil Municipal de la suppression des jardins familiaux rue du Docteur Vaillant et de la vente de la parcelle

Mardi 20 octobre 2020, un Conseil Municipal exceptionnel aura lieu à Saint-Cyr-l’Ecole, dans le but d’entériner la vente de ce terrain occupé par des jardins familiaux rue du Docteur Vaillant, afin d’y installer une zone d’activité avec notamment une entreprise de contrôle technique pour les véhicules motorisés.

Jardins familiaux : on redémarre de zéro !

Certes, l’installation d’une quarantaine de nouveaux jardins familiaux est prévue dans le projet d’aménagement du Parc de la Ratelle. Cependant, il faudra repartir de zéro, ce qui n’est pas neutre. En effet, la nature est lente et le développement de certaines variétés peut prendre plusieurs années, voire dizaines d’années (à commencer par les arbres fruitiers). 

De plus, les règles de fonctionnement seront-elles édictées par la Mairie ou bien mises en place par une bonne entente entre les usagers ? Les règles de fonctionnement seront-elles co-construites avec les futurs usagers sélectionnés ? Par exemple, certaines structures, comme « les cabanes » permettant le stockage d’outils de jardinage« seront interdites » (dixit M. Debain lors des vœux de l’ancien maire). Les terrains seront individuels et ne pourront être partagés par plusieurs familles ou une association, les moments conviviaux comme les repas partagés seront interdits… Ces jardins ne seront donc pas créateurs de lien social, ce qui est à déplorer. Quel est donc l’intérêt d’avoir un jardin qu’on ne peut pas partager ?

Par ailleurs, il est prévu que les parcelles soient attribuées sur dossier sans que l’on connaisse à ce jour les critères de sélection. Espérons que ces derniers favoriseront les personnes dans le besoin, et qu’elles seront proposées aux personnes les plus en difficulté en allant au-devant d’elles pour les informer de leur existence et de leur accès prioritaire, et non sur la base du volontariat, qui comme chacun le sait favorise ceux et celles qui ont accès à l’information.

Des boîtes de dons mises à disposition dans les supermarchés de la ville

Pour finir sur une note positive et pratique, nous souhaitons vous rappeler l’opération lancée l’hiver dernier par la Mairie en faveur des associations Saint-Cyriennes venant en aide aux personnes précarisées. Il existe, au Monoprix et au Lidl, des boîtes à dons installées à l’année par la ville. Malheureusement, elles restent le plus souvent vides. Nous vous invitons à nous aider à les remplir, afin de venir en aide et de soutenir notamment l’action du Secours Populaire, dont la structure nationale nous rappelle qu’il y a 45 % de nouveaux demandeurs d’aide alimentaire enregistrés depuis mars, durement touchés entre autres par la crise du COVID-19. Ne les oublions pas, c’est tout au long de l’année que nous devons être SOLIDAIRES.

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